Le tourisme de mémoire : l’écho du passé

Le tourisme de mémoire

La France, métropolitaine et d’outre-mer, possède un important patrimoine historique. De grands sites dits « de mémoire », liés à la Première ou à la seconde Guerre mondiale, des camps d’internement, ainsi que des nombreux musées d’histoire, mémoriaux et nécropoles nationales témoignent de plus d’un siècle de conflits. D’autres lieux font référence à des évènements plus anciens, liés à la mémoire de l’esclavage notamment. Un tourisme de « niche » mais essentiel pour la compréhension de notre monde, la transmission de valeurs, et la cohésion sociale.

Qu’est-ce qu’un site de mémoire ?

L’expression « lieux de mémoire » ne correspondant à aucune définition juridique. Elle est apparue dans les années 1980, à la suite de la publication d’un ouvrage de l’académicien français Pierre Nora. Selon lui, on peut désigner, notamment, des lieux liés à certains événements exceptionnels du passé, souvent intervenus dans un contexte traumatique (comme une guerre), dont la collectivité a choisi d’entretenir le souvenir. Le lieu de mémoire englobe l’ensemble des repères culturels, des pratiques hérités d’un passé partagé. Ces repères peuvent revêtir une forme concrète et tangible géographiquement, comme des objets ou des monuments, des vestiges, mais ils peuvent également être immatériels, comprenant l’histoire, la langue et les traditions.

Les lieux de mémoire ne sont pas simplement des éléments de connaissance ; ils doivent également évoquer des émotions. Les traces du passé acquièrent une signification nouvelle lorsqu’elles se transforment en mémoire, en s’appuyant sur des supports vivants et contemporains. La mémoire prend vie lorsqu’elle s’associe au citoyen. (ref *)

Selon Pierre Nora, les lieux de mémoire comme les monuments, musées, archives, cimetières, collections, mais également les fêtes, anniversaires, traités, procès-verbaux, sanctuaires, associations – tous ces éléments représentent les témoins d’une époque révolue, les illusions d’éternité.

*Référence : Pierre Nora, sous la direction de. Les lieux de mémoire, vol. 1, Paris, Quarto-Gallimard, 1997. Source : Commission de la mémoire franco québecois

En France, ces lieux de mémoire représentent un ensemble assez hétérogène (sites historiques, mémoriaux, musées d’histoire, nécropoles nationales, etc.) dans lequel on trouvera aussi bien des lieux où se sont déroulés des événements importants (un champ de bataille – à proximité duquel seront généralement enterrés les corps des soldats tombés lors de l’affrontement) que des monuments symbolisant des événements ne s’étant pas forcément déroulés sur place (mémorial).

Certains de ces sites, notamment 273 cimetières militaires situés sur le territoire national, 290 nécropoles, ainsi que 10 lieux emblématiques des conflits contemporains, relèvent directement de l’État (direction des patrimoines, de la mémoire et des archives du ministère des armées). Celui-ci a également la tutelle du musée de l’Armée, du musée national de la Marine et du musée de l’Air et de l’Espace. D’autres sont gérés par des collectivités territoriales, des fondations ou des associations. La plus importante est la représentation France de la Commonwealth War Grave. Cette dernière gère près de 3 000 sites en France. Certains sont des sépultures isolées dans les enclos communaux, d’autres d’imposants cimetières de champs de bataille et mémoriaux aux disparus commémorant des centaines voire des milliers d’individus du Commonwealth tombés en France.

Sans pouvoir tous les citer, on donnera les exemples suivants de sites de mémoire symbolisant des événements important liés à l’histoire.

  • Les lieux liés à la mémoire de l’esclavage, aux Antilles, à la Réunion (le Cimetière des mes Perdues) comme en métropole (ex : le Panthéon ou le Jardin du Luxembourg à Paris, le Mémorial de l’abolition de l’esclavage à Nantes),

Les lieux liés au conflits de la première guerre mondiale :

  • Le Mémorial des batailles de la Marne, le Fort de la Pompelle (dans la Marne), la Grande Tombe de Villeroy à Chauconin-Neufmontiers (Seine-et-Marne).
  • La Nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette, (Pas-de-Calais). Il s’agit du plus grand cimetière militaire français (plus de 40 000 soldats). A l’occasion des commémorations du centenaire de la Grande Guerre, a été gravé sur un mémorial les noms de 600 000 soldats de toutes les nationalités morts en Flandre française et en Artois entre 1914 et 1918.
  • Le site de Douaumont (Meuse) avec l’Ossuaire de Douaumont qui abrite les restes de soldats non identifiés (près de 130 000) tombés pendant la terrible bataille de Verdun en 1916.
  • Le Chemin des Dames, La Clairière de l’Armistice à Compiègne (Oise) où a été signée l’armistice du 11 novembre 1918 ainsi que celle du 22 juin 1940.
  • Et bien sûr la Tombe du Soldat inconnu inhumé sous l’Arc de Triomphe, à Paris.
  • La crypte du panthéon militaire de l’Hotel des Invalides à Paris, où sont enterrés plusieurs chefs militaires français de la Grande guerre.
  • On peut également ajouter à cette liste les quelques 36 000 monuments aux morts érigés dans la plupart des villes et villages français à partir de la fin de la guerre et comportant les noms des tués originaire de la commune.
  • Au-delà des monuments, on n’oubliera pas les nombreux musées évoquant l’histoire de ce conflit, tel l’Historial de la Grande Guerre à Péronne (Somme) ou le Musée de la Grande guerre du Pays de Meaux (Seine-et-Marne), le Musée de l’Armée (Paris).

Le tourisme de mémoire : ce qu’il faut savoir

Par la fréquentation des sites de mémoire, nous contribuons à commémorer le sacrifice de soldats et de civils : plus d’1,4 million de morts français des grandes offensives de la 1ère guerre mondiale, et plus de 276 000 militaires tombés pendant la Seconde Guerre Mondiale en France (567 600 avec les civils).
Parce qu’un lieu de mémoire n’est pas un endroit comme un autre. Le recueillement ainsi que la commémoration sont des motivations de déplacement. Les visites ont pour objectif de permettre de se familiariser avec le passé, de comprendre les événements qui ont façonné le monde actuel, et souvent de rendre hommage aux personnes qui ont joué un rôle crucial dans ces événements. Le tourisme de mémoire nécessite de la part des acteurs du tourisme une préparation particulière car il s’agit de promouvoir la compréhension et la réconciliation.

Après l’effondrement de la fréquentation des lieux de mémoire et des conflits contemporains en 2020 suite à la crise sanitaire (15,2 millions d’entrées payantes en 2019 et 4,6 millions en 2020), l’année 2021 enregistre une hausse de la fréquentation de 30 % par rapport à l’année précédente. C’est dans le Grand Est, la Bretagne et la Normandie que la hausse est la plus importante avec des taux de croissance respectifs de 44 %, 39 % et 34 %.

A noter que la fréquentation est très déséquilibrée : 17 sites concentrent 4 millions de visiteurs et à eux seuls les sites de la bataille de la seconde guerre mondiale en Basse-Normandie comptent 5 millions de visiteurs annuels.


45% des visiteurs sont étrangers : anglais, allemands, belges, hollandais et américains surtout, souvent des familles d’anciens combattants. L’on estime à 45 millions d’euros de chiffre d’affaire les retombées économiques des visites (dans les sites payants), et 1 050 équivalents temps plein dont 48% pour l’accueil et l’animation.


Au delà des chiffres, le tourisme de mémoire constitue également un enjeu majeur pour l’État. Un enjeu civique et pédagogique pour la transmission du patrimoine mémoriel aux générations futures. Les sites de mémoire sont ainsi souvent conçus pour apporter une expérience éducative, avec des animations, des témoignages, des expositions, etc.
Un enjeu culturel également par la préservation des témoignages de l’histoire (oral et écrit) et l’accompagnement des territoires.

Les agences de voyages axées sur le tourisme de mémoire ou les voyages culturels peuvent concevoir des itinéraires qui incluent des visites à des lieux de mémoire, des sites historiques, des musées et d’autres endroits liés à l’histoire d’une région ou d’une communauté spécifique. Ces circuits peuvent offrir une expérience éducative et émotionnelle aux voyageurs intéressés par la découverte et la compréhension approfondies de l’histoire et de la culture.

Tourisme de memoire en Normandie

Le tourisme de mémoire en Normandie

Le Débarquement du 6 juin 1944 sur les plages normandes et la Bataille de Normandie a marqué un tournant crucial dans la Seconde Guerre mondiale, marquant le début de la libération de la France et de l’Europe. Peu à peu la Normandie s’est affirmée comme une destination touristique étroitement liée à la mémoire de cet événement, attirant des visiteurs de tous horizons et de toutes générations venues découvrir et partager le souvenir de ceux qui ont oeuvré pour la paix.

Aujourd’hui avec 94 sites et lieux commémoratifs, 44 musées, 21 mémoriaux et sites naturels, ainsi que 29 cimetières, le tourisme de mémoire occupe une place prépondérante parmi toutes les thématiques de visite en Normandie.

Ces sites continuent d’évoluer constamment. À titre d’exemple, la Région soutient le nouveau Musée du Débarquement à Arromanches-les-Bains, la restructuration et l’expansion du Airborne Museum à Sainte-Mère-Église, la transition vers un site plus durable pour le Centre Juno Beach à Courseulles-sur-Mer.

Exemple du nouveau musée du débarquement d’Arromanches les bains

La conception du nouveau musée du Débarquement repose sur plusieurs objectifs, notamment une meilleure mise en lumière des vestiges du port artificiel, visibles depuis l’intérieur du musée, ainsi que la mise en avant du rôle joué par le village pendant la Seconde Guerre mondiale. Le coût total prévu pour ce projet s’élève à environ 10 millions d’euros HT.

Prévue pour le 6 juin 2024, en commémoration du 80e anniversaire du Débarquement et de la Bataille de Normandie, l’inauguration du musée s’inscrit dans un cadre significatif. Le musée du Débarquement, agréé en tant que « musée de France » par le Ministère de la Culture, figure parmi les sites les plus fréquentés de Normandie, accueillant 300 000 visiteurs annuellement.

Pionnier en tant que premier musée dédié à la Seconde Guerre mondiale, il a ouvert ses portes en 1953. De son ouverture jusqu’à sa fermeture en novembre 2022, le musée a attiré plus de 20 millions de visiteurs. Il retrace l’histoire exceptionnelle de la conception et de la mise en service des ports artificiels par les alliés, connus sous le nom de Mulberries. Des vestiges du Mulberry B, le seul à avoir résisté à la tempête du 19 juin 1944, demeurent visibles à Arromanches-les-Bains, constituant les derniers témoignages de cette prouesse technologique ayant grandement contribué au débarquement de troupes et à la livraison de matériel pour les forces alliées engagées dans la Bataille de Normandie.

Source : Région Normandie

Top 5 des lieux de mémoire les plus fréquentés sur le territoire francais

Le cimetière américain de Normandie

Le cimetière américain de Colleville-sur-Mer, l’un des quatorze cimetières américains de la Seconde Guerre mondiale à l’étranger, s’étend sur 70 hectares. Géré par la Commission américaine des monuments de guerre, il abrite 9 386 tombes et les dépouilles de 1 557 soldats américains. Une capsule scellée depuis 1954 sera ouverte en 2044, contenant des articles d’époque et un message d’Eisenhower.
Le site offre une vue panoramique sur Omaha Beach. Inauguré en 1956, le cimetière a été concédé à perpétuité par la France aux États-Unis. Il accueille entre 1 à 2 millions de visiteurs par an (lors des grandes commémorations 70ème anniversaire, 75ème, anniversaire du DDAY par exemple).

Le Musée de l’armée à Paris

Né en 1905 de la fusion du musée de l’artillerie et du musée historique de l’armée, le musée de l’armée est aujourd’hui le plus grand ensemble muséal d’histoire militaire en France et l’un des premiers au monde. Situé dans l’hôtel national des Invalides, un édifice prestigieux du 17e siècle créé par Louis XIV pour accueillir les soldats blessés et invalides, le musée de l’armée abrite une impressionnante collection d’art militaire.
Le musée de l’armée abrite le tombeau de l’empereur Napoléon Ier.

La nécropole de Fleury-devant-Douaumont

Le cimetière national de Fleury-devant-Douaumont, créé en 1923, regroupe les dépouilles de soldats tombés lors de la bataille de Verdun (1914-1918). Il rassemble plus de 16 000 tombes individuelles, dont un carré musulman de 592 tombes.

Les ruines du village deviennent un lieu mémoriel. L’ossuaire de Douaumont, inauguré en 1929, domine la nécropole et abrite les restes de 130 000 soldats. Un cloître et une « Tour des morts » symbolisent le monument. À proximité, deux monuments confessionnaux et une plaque commémorent l’histoire, notamment la réconciliation franco-allemande en 1984. L’ensemble est un haut lieu de la mémoire nationale.

Airborne Museum en Normandie

L’Airborne Museum, situé à Sainte-Mère-Église (Manche), offre une expérience immersive du Débarquement aux côtés des parachutistes américains des 82e et 101e Airborne. La muséographie réaliste retrace la préparation du Jour-J en Angleterre, les combats pour la Liberté et la victoire. Vous pouvez explorer une collection exceptionnelle d’objets historiques, un vrai planeur et un avion C-47 ayant participé au Jour-J. Et une extension « Opération Neptune, » permet de revivre les parachutages du 6 juin 1944.

Le Musée de Utah Beach

Érigé à l’emplacement même où les troupes américaines ont débarqué le jour J, le musée retrace les événements du Jour J en dix séquences, depuis la préparation jusqu’au succès. Grâce à un parcours chronologique et à une collection exceptionnelle d’objets, documents, uniformes, matériels militaires, l’on peut plonger au cœur de cette bataille qui a marqué l’histoire.
Par ailleurs à l’extérieur est organisé une découverte du site Utah Beach même : les fortifications allemandes du WN5, les blockhaus, la plage, les monuments commémoratifs. Qui font comprendre en détails le débarquement sur Utah Beach.

Source : enquête menée par l’Observatoire économique de la Défense (OED), en lien avec la DPMA.

Racines Voyages et le toutisme de mémoire

Racines Voyages, en tant qu’agence réceptive normande est connectée avec l’histoire de son territoire. Des expériences émouvantes de canadiens redécouvrant la tombe d’un de leur ancêtre au cimetière de Bény-sur-mer, une famille ayant retrouvé parmi les centaines de plaques en métal du Centre Juno Beach (Courseulles sur-mer) le militaire mort sur la plage. Autant de moment d’émotions partagés à l’occasion de circuits organisés par Racines Voyages. L’agence sera également à vos côtés à l’occasion du 80e anniversaire du Débarquement et de la Bataille de Normandie. Des séjours sont proposés de mai à juin 2024. Pour individuels, comme pour groupe. Nous vous guiderons à travers l’épopée du débarquement, dévoilant des anecdotes fascinantes et des témoignages poignants.

Par ailleurs Racines Voyages, compte parmi ses week-ends « ateliers généalogiques et tourisme » un séjour à Arromanches, une expérience immersive et enrichissante. A découvrir sur notre site.

Contactez-nous pour découvrir dans les détails nos produits offrant des visites guidées, des hébergements de qualité, et des activités spéciales. Racines Voyages vous accompagne dans la planification de vos séjours.


À consulter :